Revontule
Revontule, revontule, le feu du renard... Que nous avons dansé, Pierrot, Balthazar et moi, invoquant son apparition !
Et puis, enfin, répondant à nos espoirs, le museau du renard a pointé hors de son terrier. Les oreilles dressées vers la voûte étoilée, la truffe humant l'air glacé, le renard est sorti. Peut être s'est il d'abord assis pour se joindre à la respiration de la forêt. Et de sa queue, balayant quelques flocons, les premières lueurs ont jaillie. Les yeux clos, il choisit de rester ainsi quelques temps, se laissant peu à peu pénétrer par la pureté de la nuit.
Invisible d'eux comme eux de lui, 4 humains ont aperçu la lueur. Peut être, ce soir, le renard choisira t il d'abandonner son doux nid pour une course nocturne ? Alors, les yeux ne quittent plus le rayon lumineux, espoir d'un déroulement féérique. Le temps s'écoule lentement, l'ambiance plus que fraiche rendue chaleureuse par la douce apparition.
L'air froid et sec plait à Maître Goupil. Décidé, il se lève et trottine, soulevant de ses pattes légères quelques cristaux endormis. Il furette, guidé par un fumet d'écureuil ou le son d'un campagnol, ses muscles s'échauffent et les flocons irradient. Il musarde ici et là, par jeu autant qu'appétit, et, peu à peu, le plaisir de la nuit, le plaisir de la course s'emparent de lui.
Les humains sont toujours là. Les pupilles se dilatent subitement, la lueur prend vie. Les yeux perçoivent de timides ondulations qui s'accentuent peu à peu. Quelques flammèches s'échappent, annonciatrices du spectacle à venir. La lueur n'oscille plus, elle danse à présent, et comme les battements de leur cœur, le rythme s'intensifie.
Le renard n'est plus chasseur, le renard n'est plus renard. La forêt et la nuit se fondent en lui. Le corps et l'esprit fusionnent, la transe envahit son enveloppe charnelle et la course devient sa vie. Elle s'accélère, encore et encore et les pattes délicates, et l'épaisse queue touffue projettent de toute part les cristaux gelés vers les cieux. Les foulées gracieuses deviennent puissantes, le flux sanguin devient feu, les gerbes de neige s'envolent et s'enflamment.
Les humains sont figés. La forêt, la colline puis le ciel tout entier s'illuminent. Tout ce qui peut être vu s'embrase. Les flammes vertes virevoltent, traversent le ciel. Les regards ne se savent plus où se diriger. Des tourbillons se créent, se colorent de rouge, de jaune, pulsations hypnotiques bondissant d'étoile en étoile. C'est une explosion de lumière, un déchainement féérique qui paralyse la pensée et envahi les mortels qui y assistent. L'émotion est intense, irréelle, je crois, indescriptible.
La course du renard a suspendu celle du temps. Proche du point de rupture, le cœur a ramené l'animal en lui. Le feu redevient sang, la forêt et la nuit quittent le corps bouillonnant, la course ralenti. Haletant, repu de liberté et de vie, le renard s'affaisse dans la neige. Etendu, les yeux mi clos, il laisse son corps retrouver son rythme. Puis, sa course l'ayant reconduit chez lui, il pénètre en son logis se roule en boule et s'abandonne au sommeil.
Les humains clignent à nouveau des yeux, un frisson léger réveille les muscles, l'envoutement s'estompe en douceur. Les images persistent sur les iris pour quelque temps encore, sur les paupières closes un peu plus. Mais au delà des images, ils savent. Ils savent qu'ils ont été les témoins privilégiés de l'un des plus beaux spectacle que la nature ait à offrir. A ce moment, nul besoin d'explication rationnelle ou scientifique. C'est de beauté pure et de magie dont il s'agit. Et ils savent. Ils savent que le souvenir de la course d'un renard restera gravée au plus profond d'eux même jusqu'à ce que le souffle de la vie les quitte.
Revontule, revontule, le feu du renard...
Ces lignes, ces images captées par l'objectif ne peuvent rendre compte de l'intensité de l'expérience que nous avons vécue. Nous vous les partageons néanmoins, en vous souhaitant juste de la vivre à votre tour un jour.
On vous aime et on vous lèche la truffe, hi han, les 24 pattes.
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Revontule - 16 pattes en vadrouille
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