Pulsations citadines

Publié le par 16pattesenvadrouille.over-blog.com

Nous attendons notre bus, sirotant un thé en grignotant des msemmens. Ces petites crêpes feuilletées sont un délice tièdes mais froides, elle nous régalent malgré tout. Après la paix et le calme du désert, nous avons plongé dans l’effervescence de la place El Mouahidine, cœur battant de Ouarzazate. La journée, seuls quelques pigeons s’y promènent, nettoyant la place des agapes de pop corn de la veille. Chaque soir, le frissonnement de la vie y renaît et s’amplifie au rythme des chants et des percussions. C’est dans cette atmosphère que nous y avons pénétré, oreilles enchantées et yeux ébahis, sans préparation préalable, juste descendus de notre grand taxi. Ici, peu de touristes, mais des Ouarzazis qui se retrouvent pour se distraire. Les échoppes ouvrent, les étals de pop corn s’alignent, les enfants tapent le ballon tandis que différents cercles battant des mains se forment autour des groupes de musique surgissant de nulle part. L’intensité croît, inversement proportionnelle à la course du soleil qui décline à l’horizon. Quelques peintres déplient leur chevalet, un vendeur de ballons lumineux circule, des femmes tatouent au henné et un trio de clowns acrobates présente son numéro sur l’improbable musique de Carmina Burana. Le surréalisme de la scène me fait sourire, je ne m’y habitue pas, pour mon plus grand bonheur. L’agitation est à la fois multiple et harmonieuse. Déambulant de cercle en cercle, nous nous immergeons dans chaque univers et traversons ainsi le pays. Pierrot, notre expert en aptitudes sociales, ne tarde pas à papoter à gauche et à droite et se lie à un serveur chez qui il passera une partie de la soirée à regarder un match de la Coupe d’Afrique des Nations, vite rejoint par Balthazar, un paquet de pop corn sur les genoux. Pour nous qui ne sommes pas footeux pour un sous, la situation est des plus saugrenue  et plutôt comique. Régalés d’un tajine, de musique et de partage, nous gagnons notre couchage tout proche et poursuivons dans nos plumes le voyage onirique entamé. Si nous nous réjouissons de cette joyeuse et inattendue agitation nocturne, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas le hasard qui nous a mené dans cette ville. Le lendemain, nous rallions notre objectif et partons découvrir la Kasbah de Taourirt, chef d’œuvre architectural que les enfants ont étudié à la maison en prévision de notre voyage. Le récent tremblement de terre en a ébranlé la structure et il ne nous est malheureusement pas possible d’en visiter l’intérieur. La déception est vite surmontée tant il y a à découvrir alentours. Nous en admirons les murs extérieurs, crénelés et finement décorés avant de flâner aux environs. Nous nous abandonnons au dédale de ruelles de la petite médina dans laquelle un bien aimable chien qui nous a pris en affection tantôt nous nous guide et tantôt nous suit. Joli fantôme canin, disparu aussi soudainement qu’il était apparu devant nous. Au pays des chats, nous sommes heureux de ce bout de route en ta compagnie. Au détour du hasard, nous croisons quelques artistes travaillant dans leurs ateliers. Ainsi, Mohamed, créateur d’accessoires en métal pour les films tournés dans les studios tout proches et qui place les armes des gladiateurs dans les mains de nos jeunes guerriers émerveillés et Amjid, artiste peintre dont les œuvres peintes à l’acrylique sur toile sont actuellement exposées à l’Institit Français d’Agadir. Il réalise aussi de petites aquarelles monochromes à l’aide de brou de noix, d’indigo ou de safran. Il nous dévoile le mystère des messages secrets d’antan, rédigés à la pierre d’alun diluée à l’eau et que seule la chaleur du feu avait le pouvoir de révéler. Que d’instants précieux et généreux et qu’il est bon de se laisser porter au hasard des rencontres et des découvertes. Leur disponibilité à notre égard nous touche, ils nous remercient de la notre. Nous musardons à gauche et à droite à travers la ville mais Balthazar, Maître du temps, garde l’œil sur sa boussole horaire. Ce soir, un match oppose le Maroc à la Tanzanie et Pierrot et Balthazar ont été invité à venir le regarder dans le bar de leur ami d’hier. Tant mieux, nous profiterons de l’animation de la place, eux d’un moment de vie unique et après le match, le couscous sera prêt. Tout comme la veille, un groupe de 6 femmes attire particulièrement notre attention et nos oreilles. Il est encore tôt et nous sommes tout prêt d’elles, au centre du cercle. Elles chauffent un peu voix et percussions et le voyage commence. Les femmes se font discrètes au Maroc, corps souvent abrités des regards lorsqu’elles sortent, très souvent confinées à l’intérieur des maisons dans le cercle familial. C’est en tout cas ce que nous avons perçu des milieux essentiellement ruraux que nous avons traversés. Mais ici, c’est comme si toute l’énergie vitale contenue jaillissait. La source libère son débit qui s’écoule dans un flot de plus en plus puissant. Les voix et les rythmes s’accordent et nous captivent. Les femmes autour se joignent au chœur déjà riche à l’aide de youlou et de réponses échos à la meneuse du groupe. Leurs visages irradient de plaisir et de sourires et l’énergie dégagée est extraordinaire, puissante et contagieuse. 3 heures durant, elles communiqueront ainsi dans une exubérance de joie. Quel cadeau magnifique elles offrent ainsi chaque soir. A l’écriture de ces lignes, il me semble encore les entendre… En arpentant la place, nous nous immergeons dans une ambiance détendue et bon enfant. On se salut, on partage quelques phrases en français, en marocain, en anglais, parfois un mix des 3. Peu importe, les gestes et les sourires expriment ce que les mots ne parviennent à dire. Plusieurs Ouarzazis nous remercient d’être  là avec eux à partager et à laisser courir et jouer nos enfants  librement et en

confiance parmi la foule « ici, on est pas à Arnakech ! C’est Jemaa El Fna, mais sans les embrouilles ! ». Pierrot et Balthazar n’auront certes pas leur portrait photo, un singe sur l’épaule ou un serpent autour du cou, imposé contre quelques dirhams, mais l’empreinte de l’explosion de joie collective dans un

bar de Ouarzazate lorsque le Maroc marque son 3ème but face au 0 de la Tanzanie a notre préférence dans la galerie de souvenirs que nous leur proposons. Aujourd’hui, nous quittons Ouarzazate et n’en avons pas le cœur chagrin. D’autres trésors nous attendent plus loin et nous emportons avec nous la richesse des rencontres et l’énergie incroyable et généreuse de la place El Mouahidine et de ses femmes. Aux pulsations citadines, merci…

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A
que de bons souvenirs les enfants vont emmagasiner, c'est génial pour eux (et pour vous), gros bisous
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M
Très jolies photos et merci de ce partage, nous avons voyagé aussi au Maroc mais pas dans les mêmes régions c'était très beau également. Bonne route et prenez du plaisir. Bisous aux enfants
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